Le PaVé dans la mare

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JEAN DE LA LUNE

Une pièce de Marcel ACHARD

mercredi 8 juin 2016

Il n’y a pas cet après-midi d’homme plus heureux que Jean de la Lune. Marceline va venir chez lui pour la première fois. On sonne et un homme parait. Il a une chevelure emmêlée, un petit nez, une bouche qui fait la moue, des yeux qui demandent grâce, un air de bébé et d’aigrefin. II dit : Ah ! Je savais bien que j’arriverais le premier. Il s’installe, se fait donner du porto, il va jouer du piano dans la pièce voisine, il chante faux, il est chez lui : c’est Clotaire, dit Cloclo, le frère de Marceline. Le doux rêveur qu’est Jean de la Lune, sidéré, le laisse faire. Vous pensez bien que ce nom d’astre est un sobriquet que les amis de Jeff lui ont donné quand il était petit. Jeff, artiste en fleurs, est un cœur pur. Ainsi défini, vous savez tout de lui : il est naïf sans être sot, dupe sans être ridicule, candide avec confiance et amoureux. Ne voit-il rien ? Ne comprend-t-il rien ? N’entend-il rien ? Il est amoureux, elle est frivole. Elle est frivole, il est amoureux. Certains critiques ont dit qu’il était naïf. Nous ne le croyons pas. Il est droit, sincère, avec un humour tout personnel mais il est amoureux : C’est surtout ça. Il aime Marceline avec toutes ses qualités et tous ses défauts, sans analyser, sans réfléchir : il aime c’est tout. Il ne sait rien de la terre et il marche sur les nuages. Il ne sait pas se défendre du mal qu’on lui fait, mais il ne profite pas du bien qu’on lui veut. Il y a du mystère en lui. Il est très maladroit, mais sa maladresse tourne à son avantage et il aura finalement raison. Tout est pur aux cœurs purs. Il y a dans l’innocence de Jef une puissance que nous allons connaître.

Jean de la lune" est l’histoire d’un rêveur dont l’amour aveugle et la confiance obstinée finissent, peut-être, par désarmer une femme volage, menteuse et toujours "amoureuse". Un jour que la frivole Marceline, abandonnée par un amant, était en plein désarroi, Jeff a eu malgré tout confiance en elle et l’a épousée. Depuis cinq ans elle a eu de nombreuses liaisons à l’insu de son mari. Mais la voici une fois de plus au désespoir, car Gaston, le dernier amant en titre, l’abandonne. Elle a chargé son frère, le cynique et complaisant Cloclo, de lui téléphoner pour le persuader de revenir ; mais la communication avec Gaston ayant tardé, c’est Jef qui la reçoit et entend une voix grave s’écrier : "Vous direz à Cloclo que j’en ai plein le dos de lui et de sa famille et que dans un quart d’heure je serai parti pour le Brésil". Cloclo persuade son beau-frère que cette voix masculine est celle...d’une amie avec qui il vient de rompre. Jeff rapporte l’incident à Marceline qui éclate en sanglots incompréhensibles. Il s’efforce de la consoler. Au dernier acte, Marceline est de nouveau décidée à fuir. Elle ne reproche rien à son mari, sinon de l’aimer trop paisiblement...

Ces trois actes étincelants d’invention comique classent Jean de la Lune parmi les chefs-d’oeuvre du théâtre contemporain : un chef-d’œuvre empreint du style propre à Marcel Achard, tout de drôlerie délicate et de poésie sur le thème difficile de l’art d’aimer.


Le théâtre de boulevard est un style que la Compagnie Théâtrale de VÉRON, "Le PaVé dans la Mare", n’a pas souvent pratiqué. Pourtant un auteur nous a séduits et intéressés : c’est Marcel ACHARD !

La carrière d’auteur dramatique de Marcel ACHARD débuta vraiment en 1923 avec "Voulez-vous jouer avec moi ?" pièce dans laquelle il joue chez DULLIN (Excusez du peu !). En 1924 c’est "MALBOROUGH s’en va-t-en guerre". Enfin en 1929, la création de "Jean de la Lune", interprétée par Louis JOUVET et Michel SIMON, rencontre un vif succès ; elle ouvre à son auteur une carrière qui se poursuivra longtemps, couronnée par une élection à l’Académie Française : c’est "Patate", "L’Idiote", etc., jusqu’en 1973.

Dans "Jean de la Lune", Jeff a des faiblesses devant l’ETERNEL FEMININ (selon Marcel ACHARD), incarné par Marceline.

C’est, peut-être, Marcel ACHARD devant les femmes....sait-on jamais.

Admirateur sincère de MOLIERE, de MUSSET, de Sacha GUITRY, Marcel ACHARD a la profondeur, la légèreté, le goût de plaire. Il défend, comme poète, la tendresse, la bonté et l’amour en dépit de tout et de tous.

C’est lui qui fait dire au page de Lady MALBOROUGH : "Ce qui sauve les femmes, c’est que pour lire dans leur âme, il faut regarder leurs yeux". Certains membres de la troupe avaient déjà travaillé et monté ce petit chef-d’œuvre de Marcel ACHARD, "MALBOROUGH s’en va-t-en guerre".

VIDEO du SPECTACLE Lien vers YOU TUBE : JEAN DE LA LUNE 2h10mn

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