Gabriel AROUT
samedi 7 novembre 2009
Pièce en un acte : 2h, 1f : Durée 40 mn
Une rencontre, une aventure qui devait être sans lendemain, se transforme soudain en amour véritable. Il est venu "chasser" sur la côte, dans une station balnéaire. Elle est venue "rêver" à "quelque chose" qui meublera pour un instant sa solitude. Et voilà que....
Gabriel AROUT s’inspirant très librement d’une nouvelle de Tchekov, nous restitue sans avoir l’air d’y toucher l’atmosphère, la petite musique du grand auteur russe, sa tendresse, sa mélancolie et quelque part aussi sa misanthropie. C’est esquissé, touché du bout du pinceau comme un joli portrait. Rien n’est dit....et tout est dit.
DIMITRI : Je ne cherche pas à me voir meilleur que je ne le suis, ni surtout pire, ce qui relèverait de la plus vulgaire complaisance. Si vous voulez, je me considère comme très représentatif de l’homme d’un certain milieu, d’une certaine classe sociale, parvenu à un certain âge. En gros, je suis un vieux sanglier. Je ne dis pas un porc ! Un vieux sanglier encore gourmand et attiré par les petites femelles de rencontre !
DIMITRI : La présence d’une femme inconnue me réanime, me remet en état d’alerte, me permet de retrouver une certaine intensité.
DIMITRI : Remarquez, je ne borne pas mes aventures à ces vacances estivales...
DIMITRI : mais il convient de distinguer les deux mode bien différents d’exercice cynégétiques et ....
DIMITRI : Un peu plus tard, je la rencontre chez des amis. Je garde une réserve polie. Mais nos regards se croisent, deux fois, par inadvertance...
DIMITRI : "Tant que cela", me rétorque l’époux septique. Mais le soir, en rentrant, il est bien content de cette occasion d’être aimable avec sa femme...
DIMITRI : Et avec quelle admiration ! Il est amoureux de toi ma parole....
DIMITRI : Oui, oui, oui ; C’est comme ça qu’il t’appelle ! Comment va notre Nathalie aux yeux de violette !
DIMITRI : Il s’intéresse beaucoup à toi ! Il dit que tu est une artiste, que c’est dommage de laisser dormir ton talent. Il te suppose je ne sais quelle vocation secrète ! Quelle imagination.
DIMITRI : La seule récréation que je me permette : c’est une heure de promenade, tous les soirs, autour de la patinoire, entre cinq et six...
DIMITRI : Et c’est ainsi qu’un soir, dans une aller proche de la patinoire, je la rencontre entre cinq et six...par hasard...
LE MONSIEUR : Je suppose que cette aventure est réelle et que cette personne a existé ?
DIMITRI : Hum....
DIMITRI : La chasse estivale c’est tout autre chose. En vacances tout engage à l’aventure. Elle imprègne le voyageur solitaire dès le marche pied du wagon !
DIMITRI : Là, le problème est d’entrer en contact, de se faire préférer.
DIMITRI : Une femme, tentée par l’aventure, connaît bien l’efficacité d’un petit chien pour l’entrée en matière...
DIMITRI : Votre petit chien a entendu le bruit de ma cuillère à café. Il vient quémander du sucre..
DIMITRI : Je suis prêt à payer ce prix là, le plaisir de faire votre connaissance.
DIMITRI : Madame, voulez-vous me permettre de vous parler, tout simplement ?
DIMITRI : Vous voyez ! D’abord, cela sonne faux. Et.....
ANNE : On s’ennuie beaucoup ici.
DILITRI : Pourtant je suis très content d’avoir réussi à vous parler ...
ANNE : Et, il y a beaucoup de femme que vous avez fait rire ?
DIMITRI : Je dois vous faire un aveu, c’est la première fois.....
Le MONSIEUR : Je vous ai bien observé hier. En présence d’une femme....
DIMITRI : Oh ! Je joue....ou je ne joue pas !
DIMITRI : Seulement les jolis mots, les intonations émues...
DIMITRI : J’en suis à la phase veloute ! La Nature, la musique, les poètes...
Le MONSIEUR : Vous lui offrez des repas fins ?
DIMITRI : En musique !...
DIMITRI : Savez-vous qu’il existe des femelles très voraces qui choisissent leurs victimes ?
DIMITRI : Si le mauve vous émeut ! Regardez le nez de ce gros général sur la passerelle ! Il est à un degré de maturité rare, même chez nous en Russie !
DIMITRI : A cause des chevaux
DIMITRI : Seize chevaux tués sous lui !
ANNE : Elle a un petit chien. Vous n’avez pas vu le petit chien !
ANNE : J’ai toujours rêvé voyager.
ANNE : Je ne sais pas...
DIMITRI : Oh, Anne ! Il faut simplement désapprendre toutes les fadaises qu’on nous appris. Nous débarrasser de tout ce qui n’est pas sincère et simple !
Gabriel Arout de son vrai nom Gabriel Aroutcheff, est un écrivain, auteur dramatique et traducteur français d’origine russe , né à Nor-Nakhitchevan (Russie) le 28 janvier 1909 et mort le 12 février 1982. Témoin de la guerre et de la révolution russe, il est arrivé avec sa famille en France par la Méditerranée en 1921. En 1930, il obtient sa licence de lettres à la Sorbonne. Il est abord attiré par le roman, puis décide de se tourner vers le théâtre. Sa première pièce, Orphée ou la Peur des miracles, est écrite en 1935, mais est un "four" à sa création en 1943. Sa deuxième pièce, Pauline ou l’écume de la mer (1948), remporte, elle, un grand succès où s’illustre Pierre Fresnay. D’autres succès suivent : Gog et Magog, Cet animal étrange, Deux fois deux font cinq, Des pommes pour Ève.
Au milieu des années 1950, Gabriel Arout fait plusieurs incursions remarquées dans l’univers du cinéma. Il cosigne les dialogues du film Les Hussards (1955) d’Alex Joffé, dans lequel Bourvil tient l’un des rôles principaux. Il est également le coauteur de l’adaptation de Sois belle et tais-toi (1958) de Marc Allegret et des dialogues de La Mort en ce jardin (1956) de Luis Bunuel.. Sa dernière pièce, Oui, se termine par un long monologue testamentaire où l’homme se retrouve être le maître de sa destinée.
Il s’est éteint en 1982.
En 2002, sa pièce Cet animal étrange — qui est une comédie — est rejouée à Paris, au théâtre de Nesle