Le PaVé dans la mare

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Léocadia

Jean Anouilh

mercredi 8 octobre 2008

Pièce de Jean Anouilh : Durée 2 heures - 5 tableaux. Adaptation de Jocelyn Canoen : 5h. 5f.

Jocelyn CANOEN : Metteur en scène et adapteur :

  • Pourquoi j’ai choisi de monter LEOCADIA ? D’abord et tout simplement parce que j’en avais envie !!! C’est une pièce que je garde "dans mes cartons" depuis de nombreuses années.
  • Ensuite parce que je cherche toujours, pour mes comédiens, dont certains sont débutants, des "textes", de vrais textes de théâtre. Le Théâtre, c’est avant tout ces comédiens et un texte. Et ANOUILH est un auteur important du 20 ème siècle. Un véritable auteur de théâtre.
  • Il y a bien aussi les considérations propres à une troupe : Nombre de rôles, importance des décors, distribution, etc...
  • LEOCADIA est une pièce charmante, un peu décalée de la réalité, avec du sourire et de l’émotion. Ce n’est ni de la télévision ni de la "vraie vie" : c’est du Théâtre.

C’est une histoire d’amour qui ressemble à un conte.

C’est plein de fantaisie et çà ressemble à un joli roman.

L’ombre de LEOCADIA résistera-t-elle à l’amour tout simple de la jeune AMANDA ?

Le Grand Amour, vécu ou rêvé, sera-t-il le plus fort ?

Le Prince ALBERT a beau mettre en scène, avec l’aide de sa tante, son merveilleux souvenir d’amour, AMANDA, elle, est vivante ! Vivante et bien réelle. Et elle sait ce qu’elle veut.

La Pièce

Adaptation de Jocelyn Canoen

Dans l’indépendant de l’Yonne le vendredi 15 janvier 2010

Leocadia Independant 20100115 Villeneuve

ACTE I

(D’après ANOUILH : Un boudoir d’un luxe écrasant. Une jeune femme, AMANDA, est assise, une petite valise en carton à ses pieds. Elle a l’air d’être là depuis longtemps. Elle bâille, caresse un nègre de Venise tout près d’elle, sur son socle. Soudain, elle le lâche vivement ; une petite dame est entrée, précédée d’un face-à-main, c’est la duchesse. Elle va d’abord au nègre et le remplace comme il doit être, puis elle marche sur la jeune femme qui s’est levée).

LA DUCHESSE : C’est vous ?

Amada - La duchesse

AMANDA : Oui, madame, je crois.

LA DUCHESSE : Tenez-vous droite. (AMANDA abasourdie se redresse). (sévère) Comment se fait-il que vous ne soyez pas plus grande ?

Amanda La Duchesse Acte 1

AMANDA : Je ne sais pas, madame, je fais ce que je peux...

LA DUCHESSE (péremptoire) : Il faudra faire un sérieux effort. (Amanda la regarde). Mon enfant, j’ai soixante ans et je n’ai jamais porté que le LOUIS XV. (Elle montre son talon) Mais pas votre LOUIS XV de coureurs cyclistes. Résultat, quelle taille me donnez-vous pieds nus ?

(AMANDA sur le point de répondre)

LA DUCHESSE : (La coupant)...Mais cela n’a aucune espèce d’importance, car vous ne me verrez jamais pieds nus. Personne ne m’a jamais vue pieds nus, mademoiselle. Sauf le duc, bien entendu. Mais il était myope. (Elle va à elle, sévère) Qu’est-ce que c’est que cela ?

AMANDA (un peu décontenancée) : Des gants.

LA DUCHESSE : Jetez-les aux bêtes !

AMANDA : Aux bêtes ?

LA DUCHESSE : C’est une expression. Elles n’en voudraient pas. Mon horreur du violet a, si j’ose dire, déteint sur mes caniches. On ferait chair à pâté de ces malheureuses petites créatures plutôt que de les faire coucher sur un coussin violet. Je dois ajouter qu’ils n’en ont d’ailleurs jamais vu. Il n’y a rien de violet dans ce chateau, mademoiselle, que vos gants (elle les jette)

AMANDA : Mais madame, je les ai payé très cher, ces gants...

LA DUCHESSE : Vous avez eu tord. (Elle lui a pris la main) Bon, la main est fine. C’est tout à fait ce que je penais. Cela coud des chapeaux mais cela a de la branche. D’ailleurs qui n’a pas cousu de chapeaux de nos jours ? Moi peut-être. Mais je suis d’un autre monde. Au fait, on vous a dit sur ce télégramme ce qu’on allait vous proposer ici ?

AMANDA : Une place, je crois, madame ?

LA DUCHESSE (s’exclame) : Une place ...J’adore cette expression. Cette petite est ravissante. (Elle vient lui répéter sous le nez :) Ravissante. (Elle lance sans cesser de la regarder :) N’est-ce-pas GASTON ? (Comme elles sont seules dans la pièce, AMANDA regarde autour d’elle un peu surprise ; la duchesse lui explique) C’est le duc. Il est mort en 1913. Je n’ai jamais pu me défaire de l’habitude de lui parler... Et vous êtes contente d’avoir trouvé "une place", comme vous dites ?

AMANDA : Oh ! oui, madame. Il y a deux jours précisément - j’aime mieux vous l’avouer puisque la maison m’a donné un excellent certificat - j’ai été congédiée de la maison de mode qui m’employait

LA DUCHESSE : Je sais, je sais, ma petite fille. c’est moi qui vous ait fait renvoyer.

AMANDA : Comment c’est vous ? Eh bien, vous en avez un toupet, vous alors !...

Un toupet Un Toupet LA DUCHESSE (sourit à ce mot et sort en criant) Un toupet ! Un toupet ! GASTON, quand je vous dis qu’elle est adorable ! (AMANDA est retombée assise, démontée ; sa petite valise toujours à ses pieds, elle regarde autour d’elle, de plus en plus abandonnée. On sent qu’elle commance à avoir envie de pleurer. Un cuisinier entre et s’incline cérémonieusement devant elle)

THEOPHILE en cuisinier : Mme la duchesse me demande de m’informer auprès de mademoiselle s’il serait agréable à mademoiselle qu’on lui servît une légère collation en attendant le retour de Mme la duchesse.

AMANDA : Je vous remercie, je n’ai pas faim.

LE CUISINIER : Que mademoiselle m’excuse, mais je ne m’informe que pour la forme. Mme la duchesse m’a donné l’ordre de servir cette collation à mademoiselle, même si mademoiselle me répondait cela

Le Maitre d'hotel de la duchesse acte 1

(un marmiton "extraordinairement stylé" apporte un "extraordinaire" plateau de collation. AMANDA reste devant cette abondance ébahie. Finalement elle prend timidement une mandarine et commence à l’éplucher. La duchesse entre en coup de vent, suivie de GERTRUDE la cousine d’HECTOR ronde et un peu niaise. Elle va à AMANDA, lui arrache sa mandarine et la jette l’air de rien, au cuisinier qui la rattrappe au vol.)

LA DUCHESSE : Jamais de mandarine, jamais d’orange, jamais de citrons. Tout cela fait maigrir ma petite fille. N’est-ce pas que cela serait frappant, GERTRUDE, avec un soupçon de rondeur en plus. (GERTRUDE qui s’approche d’AMANDA, n’a même pas le temps de répondre). Des oeufs, des farineux, des farineux, des oeufs ! (Elle appelle) THEOPHILE !

THEOPHILE : Madame la duchesse ?

LA DUCHESSE : Emportez-moi tout cela et servez lui un oeuf !

AMANDA (s’est levée, résolue) : Non, madame.

LA DUCHESSE (se retourne, surprise) : Comment non ? Pourquoi non ?

AMANDA : D’abord je n’ai pas faim, ensuite je n’aime pas les oeufs.

LA DUCHESSE (à GERTRUDE avant de sortir) Elle est adorable.

GERTRUDE (en echo) : Adorable.

(Elles sont sortis rapidement, AMANDA cette fois n’en peut plus, elle brandit sa petite valise, on sent qu’elle est prête à casser quelque chose ou à éclater en sanglot ; Elle crit à THEOPHILE et au marmiton)

AMANDA : Mais enfin est-ce que quelqu’un va, oui ou non, pouvoir me dire pourquoi on m’a fait venir ici ?

THEOPHILE (avant de sortir) : Que mademoiselle m’excuse, mais personne n’est au courant parmi le personnel. Il faudra que mademoiselle s’adresse soit directement à Mme la duchesse, soit à son défaut, à Melle GERTRUDE.

AMANDA (restée seule, jette sa valise par terre et vtape rageusement du pied.) : Cotte, crotte, crotte, crotte et crotte !

LA DUCHESSE (qui est rentrée par une autre porte, simplement). : Quel vilain mot ! Dites merde, mon enfant, c’est français. Crotte, cela n’atténue rien et c’est sale....Je m’excuse, mademoiselle, de vous retenir ainsi dans ce salon...Vous devez avoir hâte, je le conçois, de connaître votre chambre et de vous reposer un peu des fatigues du voyage...Mais quelqu’un qui ne doit pas vous voir peut rentrer incessamment de promenade et il serait dangereux pour mes plans que vous bougiez d’ici.

AMANDA : J’ai reçu ce matin un télégramme signé de vous, madame, me disant que vous pourriez m’employer...Mais je finis par me demander si je ne me suis pas méprise.

LA DUCHESSE : Quoi que vous ayez pu supposer, vous vous êtes certainement méprise, mon enfant.

AMANDA : N’est-ce pas ? Je suis modiste, je ne sais faire que des chapeaux...

LA DUCHESSE : Et vous pensez que je n’ai pas un genre à faire retaper mes bibis à domicile...Un bon point.

AMANDA : D’autre part, je préfère vous dire tout de suite, madame, que s’il s’agit d’une place de femme de chambre ou même de demoiselle de compagnie...J’ai un métier, madame - et mon renvoi de chez Réséda Soeurs a beau être très ennuyeux pour moi - je tiens à l’exercer, ce métier.

LA DUCHESSE : Vous aviez raison, GASTON, c’est une enfant qui a de la qualité !...(A AMANDA) n autre bon point.

AMANDA : Non, madame ! Cette fois je ne vous laisserai pas sortir.

LA DUCHESSE : Pas sortir ? Voilà du nouveau, GASTON ! Nous sommes prisonniers chez nous maintenant - comme sous FRANCOIS 1er.

AMANDA (, un instant décontenancé) : Comme sous FRANCOIS 1er ?

LA DUCHESSE : Oui, sous FRANCOIS 1er, une fois on nous a consignés dans nos terres. Il paraît que nous y sommes morts d’ennui !

AMANDA : Comprenez-moi, madame, il ne s’agit pas de vous retenir prisonnière ; mais je suis arrivée ici au train de quatorze heures seize, il est bientôt cinq heures et le seul train qui puisse me ramener ce soir à Paris est à dix-sept heures trente-neuf. Si, comme je le pense, je n’ai rien à faire chez vous, je veux pouvoir le prendre.

LA DUCHESSE : Non, mon enfant, vous ne prendrez pas ce train.

AMANDA : Et pourquoi, s’il vous plaît, madame ?

LA DUCHESSE : Il est supprimé.

AMANDA : Mais il est sur tous les horaires !

LA DUCHESSE : Il est sur tous les horaires, mais je puis vous affirmer qu’il est supprimé depuis hier.

AMANDA, (qui croît tout possible maintenant) ; C’est vous qui l’avez fait supprimer pour m’empêcher de quitter ce château, n’est-ce pas ?

LA DUCHESSE : Sous Louis XV, ma petite fille, je l’aurais certainement fait. Malheureusement, depuis 89, ma famille a perdu tout ascendant sur l’administration. Ainsi ce n’est pas moi. Et vous savez qui c’est ? Ce sont les francs-maçons qui ont fait le coup....Figurez-vous, ma chère enfant, qu’ils se sont aperçus que ce train permettait aux bonnes gens des environs de venir visiter ma basilique. Et le fait est que nous commencions tout doucement à faire recette

Gertrude ! Gertrude ! Où est-elle, Gertrude ? LA DUCHESSE : Gertrude !... Gertrude !...Où est-elle, Gertrude ? Je suis saisie d’un affreux pressentiment.

ACTE II

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Amanda Dans la parc avec le taxi

AMANDA : Monsieur, taxi, vous êtes libre ?

LE CHAUFFEUR DE TAXI, à ces mots sort furieux de sous la voiture. Bien sûr que je suis libre...Manquerait plus que ça alors que je soye pas libre en France à notre époque.

AMANDA, remerciant le Ciel. Ah ! merci, mon Dieu... Sauvée !

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Amanda seule avec le Taxi acte2

AMANDA qui a continué son inspection. Mais il ne marche pas, votre taxi, il est plein de racines partout !

LE CHAUFFEUR DE TAXI se vexe. Comment ? Comment ? Il ne marche pas, mon taxi ? Josette, elle dit qu’il ne marche pas, mon taxi...Regardez s’il ne marche pas mon taxi !

AMANDA : Ah ! non, je vous en supplie...Je vous en supplie ne le faites pas marcher avec le lierre. Je deviens folle. J’ai déjà vu assez de choses extraordinaires aujourd’hui. Elle va à la marchande de glace : Madame, vous êtes bien une marchande de glace ?

Taxi glace amanda duc gertrude LA DUCHESSE : Dieu sois loué, nous la retrouvons ! Elle tombe sur le banc circulaire. Ah ! mon enfant, vous m’avez fait mourir de peur, je suis brisée...

AMANDA, qui s’est assise aussi. Oh ! n’essayez pas de faire pitié...Moi aussi, je suis brisée, madame, moi aussi, je suis morte de peur.

LA DUCHESSE : Et peur de quoi, mon Dieu ?

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Avant entrée d’Albert Acte 2

AMANDA : Mais de tout, madame, et de vous d’abord...

LA DUCHESSE : De moi ? Quelle drôle d’idéee, Gertrude.

AMANDA, qui s’anime. De ce chauffeur de taxi dont le taxi est enraciné, de cette marchande de glaces qui ne vend pas de glaces, de ce parc dont on ne peut jamais sortir...Où suis-je enfin, madame ? et que me voulez-vous ? Je suis une ouvrière de la rue de la Paix ; je n’ai jamais eu d’aventures, je n’ai pas d’argent, pas les plus petites économies, pas d’ami sérieux pour payer ma rançon - alors pourquoi ?

LA DUCHESSE : Pourquoi, quoi ?

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Acte 2 1ere rencontre prince amanda

AMANDA : Pardon, Monsieur, pouvez-vous m’indiquez le chemin de la mer ?

Le Prince ALBERT : C’est le deuxième sur votre gauche, Mademoiselle.

ACTE III

Hallucinant ! Et moi qui cherchais ce mot LE MAÎTRE D’HOTEL : C’est hallucinant, madame la duchesse.

LA DUCHESSE pousse un cri : Hallucinant ! Et moi qui cherchais vainement ce mot depuis hier soir. Hallucinant ! C’est cela, c’est bien cela. Où l’avez-vous trouvé ?

Maitre d'hotel : Mon Impression LA DUCHESSE : Un bon point. Mais pour moi, cette fois. Au maître d’hôtel : Maintenant, mon ami, je vais vous dire ce que j’attends de vous. Moi, je connais trop bien Léocadia...Il nous serait très précieuxque ce soit vous, un étranger, qui disiez d’abord à cette petite l’impression, l’impression profonde que vous a faite "La Divine" en pénétrant pour la première fois au "Beau Danube".

Le MAÎTRE D’HÔTEL : Mon impression ?

Leocadia Acte 2 Amanda dans les fleurs LA DUCHESSE : Un choc ! C’est très intéressant. Un choc. A Amanda Notez, mon enfant. Vous avez un crayon ?

AMANDA qui commence à ne plus rien faire pour retenir la douce hilarité qui la gagne : Non, non, mais je me rappellerai sûrement ! Elle dit comme le maître d’hotel : Un choc.

Acte 3 Anatole Gertrude LA DUCHESSE : J’ai une idée ! Gertrude fera l’orchestre. Mettez-vous là, ma chère, sur l’estrade. Vous connaissez "La Valse des Chemins de l’Amour". Il y a deux ans vous ne cessiez de nous en rabattre les oreilles. Fredonnez-la donc. Cela aidera beaucoup ce garçon.

GERTRUDE, ravie de jouer un rôle : Dois-je également imiter un violoniste avec mes bras ?

Le Prince Albert Acte 3 Le Prince ALBERT : Qu’est-ce que c’est que cette mascarade !

Albert Le Prince ALBERT : Vous êtes là, depuis hier ?

Amanda Albert C'était vous ? Le Prince ALBERT : C’était vous ! Je vous demande pardon, il faisait déjà si sombre ! Pourquoi m’avez-vous demandé le chemin de la mer ?

AMANDA : Il paraît que c’était une phrase qu’il fallait vous redire.

Albert Amanda Pouvez vous m'indiquez Le Prince ALBERT : Pouvez-vous m’indiquer....Pouvez-vous m’indiquer le chemin...

Albert_Le_chemin. Le chemin....

Amanda Pouvez vous m'indiquer Albert AMANDA : Pouvez-vous m’indiquer le chemin de la mer ?

Le Prince ALBERT : Qui vous a appris à imiter ainsi cette voix ?

AMANDA : Personne. C’est la mienne !

Amanda Albert Acte III Le Prince ALBERT : Ma tante est peut-être une folle Mademoiselle. Une folle charmante ! Mais une folle. Moi, j’ai beaucoup plus de bon sens qu’elle. Croyez-le. Pourtant, si j’ai pu accepter de me prêter à sa folie, c’est dans l’espoir que cela m’aiderai dans mon épuisante lutte !

Amanda Albert Je suis en train d'oublier AMANDA : Votre lutte ?

Le Prince ALBERT : Oui, c’est extraordinairement bête à dire ! Et maintenant, que je suis sur le bord même de cet aveu, je m’aperçois qu’il est presque comique ! Tâchez de ne pas sourire cependant. Je fais tout cela, tout simplement parce que je suis en train d’oublier Mademoiselle !..

INTERMEDE

Intermède

ACTE IV

Que servirai le à Monsieur Acte 4 albert amanda maitre d'hotel LE MAÎTRE D’HÔTEL : Que servirai-je à Monsieur ?

Amanda Comme c'est joli quand l'anisette AMANDA : Ah ! Merci !...Comme c’est joli quand l’anisette n’est pas encore tout à fait mélangée à l’eau...

Le Prince ALBERT : Ecoeurée !

Le Prince ALBERT : Et puis, je vous l’ai dit, beaucoup de détails me fuient ! Ces yeux surtout, ces yeux m’échappent toujours !

Albert Amanda Acte III Le Prince ALBERT : Nous ne sommes des imbéciles ni vous, ni moi. Accordons-nous cela voulez-vous ? Pourtant, c’est un fait, mon amour vous semble une chose absolument funambulesque. Vous ne pouvez pas croire que j’ai pu aimer quelqu’un d’aussi comique que mademoiselle GARDI !

Amanda_C_est_tres_jo li_la_vie_quand_on_l a_raconte_comme_cela Le Prince ALBERT : C’est très joli, la vie, quand on la raconte comme cela !

L'intelligence Medemoiselle ! Une autre vertue dont vous avez sans doute entendu parler Le Prince ALBERT : L’intelligence, Mademoiselle ! Une autre vertu dont vous avez peut-être entendu parler !

Amanda : Et bien, cela ne me fait rien du tout, ce que vous venez de me dire !

ACTE V

La DUCHESSE : Ah ! Gertrude ! Gertrude ! Qu’avez vous fait ?

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Gertrude et la duchesse en chasseur Acte 5

AMANDA : Elle est bien plus forte que moi, Madame.

AMANDA (rassurée et heureuse dans l’auberge)

FIN

L’auteur

Anouilh

Biographie de Jean Anouilh

Jean Anouilh naît en 1910 à Bordeaux (France) d’un père tailleur et d’une mère musicienne, professeur de piano. Elle joue dans un orchestre se produisant sur des scènes de casino en province. C’est dans les coulisses qu’il découvre : Molière , Marivaux, Musset, etc....

Jean Anouilh entre au collège Chaptal. Très tôt, il se prend de passion pour le théâtre . En 1928, il assistera, à dix-huit ans, émerveillé, à la représentation de Siegfried de Jean Giraudoux...

Après des études de droit à Paris puis deux ans de travail dans une agence de publicité, il devient le secrétaire de Louis Jouvet en 1929. Les relations entre les deux hommes sont tendues (Louis Jouvet l’aurait surnommé ’’le miteux’’).

1932 : Sa première pièce, L’Hermine lui offre un succès d’estime. 1937 : Son premier grand succès avec Le Voyageur sans bagages . 1938 : Le succès de sa pièce La Sauvage confirme sa notoriété et met fin à ses difficultés matérielles. A cette époque, il se marie avec la comédienne Monelle Valentin, et ils ont ensemble une fille. 1938 : Le bal des voleurs.

Eclate la seconde guerre mondiale. 1942 : Eurydice . Il ne prend position ni pour la collaboration, ni pour la résistance. Ce non-engagement lui sera reproché. 1944 : Antigone. Cette pièce connaît un immense succès public mais engendre une polémique. Certains reprochent à Anouilh de défendre l’ordre établi en faisant la part belle à Créon . 1945, il s’engage pour essayer de sauver l’écrivain collaborateur Robert Brasillach de la peine de mort ; en vain. Cette exécution le marque profondément. 1947 : L’invitation au château, une des premières ’’pièces brillantes’’. 1948 : Ardèle ou la Marguerite révèle une nouvelle facette du style de Jean Anouilh : les ’’pièces grinçantes’’. 1953 : L’Alouette rivalise de succès avec Antigone. 1959 : L’Hurluberlu ou Le réactionnaire amoureux, Le petit Molière et Becket ou L’honneur de Dieu, cette dernière obtenant immédiatement un succès. Cette pièce est mise en scène conjointement avec Robert Piétri et il en sera ainsi pour toutes les nouvelles pièces. 1961 : La grotte sera un échec et Jean Anouilh se tournera vers la mise en scène. Il monte successivement Tartuffe (Molière), Victor ou Les enfants au pouvoir (Roger Vitrac), L’Acheteuse (Steve Pasteur), et Richard III (William Shakespeare). 1969 : Cher Antoine ou l’amour raté (’’pièce baroque’’) est un véritable chef d’oeuvre.

Anouilh est mort en 1987, sur les bords du Lac Léman. C’est une histoire d’amour qui ressemble à un conte.

Les Répétitions

Répétition 1 AMANDA : J’ai reçu ce matin un télégramme signé de vous, madame, me disant que vous pourriez m’employer...Mais, je finis par me demander si je ne me suis pas méprise.

LA DUCHESSE : Quoi que vous ayez pu supposer, vous vous êtes certainement méprise, mon enfant.

Répétition 2 AMANDA : Il y a des lapins dans votre taxi.

LE CHAUFFEUR : Mais bien sûr qu’il y a des lapins dans mon taxi. J’ai pas le droit d’élever des lapins, moi, peut-être ? Dites, j’ai pas le droit d’élever des lapins ?

Répétition 3b AMANDA : Mais si, monsieur...Vous avez tout à fait le droit d’élever des lapins.

LE CHAUFFEUR : Je suis un être humain comme les autres après tout. Ce n’est pas une raison parce qu’ils me donnent trois mille francs par mois à rien foutre...

LA MARCHANDE DE GLACE : Une glace ? Ah ! ma pauvre enfant, cela fait deux ans, vous entendez, deux ans, que je ne fais plus de glaces...Je voudrais en faire maintenant que je ne saurais même plus !

AMANDA : C’est bien ce que je pensais...

Repetition 5 AMANDA : Pourquoi m’avez-vous fait renvoyer de chez Réséda Soeurs ? Pourquoi m’avez vous attirée ici en me promettant une place ?...

LA DUCHESSE : Merci, mon ami, merci pour ce "oh !".

Repetition 7 LA DUCHESSE : Hallucinant ! Et moi qui cherchais vainement ce mot depuis hier soir. Hallucinant ! C’est cela, c’est bien cela. Où l’avez-vous trouvé ?

LE MAîTRE D’HÔTEL : Quoi, madame la duchesse ?

LA DUCHESSE : Ce mot ?

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